Agriculture
« Au XVIIIe siècle, l’agriculture était encore dans un état assez misérable. La charrue primitive ne permettait pas des labourages profonds et en beaucoup d’endroits, les terres trop humides et même les marécages empêchaient toute culture. (…)
Ce n’est guère que vers 1780 que la cuture des fourrages dits artificiels commença à se répandre ; pour en activer la croissance, on utilisait le gypse (ndlr : un sulfate naturel) extrait du sommet du coteau, à l’endroit où l’on voit encore des excavations. (…)
La pomme de terre, introduite en France par Parmentier à la fin du XVIIIe siècle n’apparut chez nous, bien timidement, qu’après la Révolution. (…)
La coutume était de laisser le sol en jachère et de n’ensemencer que tous les deux ans. Conséquence : une moitié des terres seulement donnaient une récolte. (1)
On cultive aussi le chanvre jusque vers 1880 et on en tisse artisanalement la toile qu’on utilise dans les ménages. La culture est abandonnée quand les manufactures de tissus prennent leur essor, l’artisanat ne parvenant pas à être concurrentiel.
Les machines agricoles qui apparaissent au début du 20e siècle permettent d’accroître la production. Cependant la culture du blé est mal rétribuée (avant la première guerre, 100 kg de blé valaient 22 à 23 francs), de plus on en importe de l’étranger à des prix beaucoup plus bas… ! Mais au moment de la première guerre mondiale, l’importation devient extrêmement difficile et les cultivateurs doivent intensifier leur production pour nourrir la population locale. Leurs produits sont alors mieux rémunérés. La deuxième guerre mondiale voit les problèmes alimentaires encore amplifiés et la Confédération instaure le Plan Wahlen (il faut cultiver partout où l’on peut ; même le golf des Evaux est sacrifié !)
Dès 1912, à Confignon comme dans les autres communes genevoises, on procède à des remaniements parcellaires pour valoriser les terres Il s’agit d’opérations très ambitieuses : redécoupage et redistribution des propriétés, défrichement de haies, buissons et bois, drainages, assèchements… souvent difficiles à faire admettre et accepter, effectuées dans des conditions difficiles.
Ce sont tout d’abord les terrains situés sur la rive droite de l’Aire qui sont impliqués, mais en 1944, l’État rend un syndicat d’amélioration foncière obligatoire pour toutes les terres non encore remaniées : opération très coûteuse pour les propriétaires (investissements à consentir), mais dotant finalement la commune d’outils de fonctionnement plus performants. Confignon compte alors quelques 35 exploitations agricoles.
Un accès plus facile aux tracteurs et autres machines agricoles permet une production plus intensive et moins pénible des céréales, mais si cette production augmente, le nombre de bovins diminue drastiquement. En 1851, on comptait 97 têtes de gros bétail à Confignon ; en 1951, il n’en reste plus qu’une cinquantaine. (En 1972, il n’y en a plus !)
Aujourd’hui il n’y a plus de fermes exploitantes dans le centre de la commune qui compte cependant encore 90 hectares de surfaces cultivées dans la Plaine de l’Aire et six exploitations agricoles.
Un nouveau type de culture a fait son apparition dans la Plaine de l’Aire dès les années 2000 : les serres. Pour des raisons paysagères, le canton a choisi de les concentrer dans deux zones agricoles spéciales (ZAS), l’autre est implantée dans la région de Veyrier-Troinex. Il s’agit de serres chauffées, hors les mois d’été, aménagées pour la culture hors-sol, capables de produire deux récoltes dans l’année, ce qui permet de concurrencer la production étrangère. On y cultive principalement des tomates, mais aussi

Zone agricole spéciale de la Plaine de l’Aire , vue du ciel
(photo Fondation pour les Zones Agricoles Spéciales)
d’autres légumes et des fraises. Une tomate sur cinq produites en Suisse est genevoise.
Si la grande culture, blé, maïs ou autre céréale, est bien présente à Confignon, c’est la culture du cardon épineux qui tient la vedette.
(1) BERTHET Joseph-C. : « Confignon 1851-1951 – Histoire du village » ; publié à l’occasion du centenaire de la commune ; Confignon, juin 1951, p.193-194
Françoise Joliat
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