Le chemin du Vuillonnex

« Le nom de Vuillonnex est-il le plus ancien nom connu des chemins de Confignon ? Sans être désigné nommément comme chemin de Vuillonnet, il contient au moins ce nom comme point de départ dans un acte du début du XIVe siècle. Au XVIIIe siècle, Villonnet est aussi orthographié Vionnex, comme s’il était la voie, le vy d’Onex ou d’Onnex, interprétation très improbable. Au XIXe siècle, on le trouve dans la graphie Vuillenex (en 1869), Villonnet (en 1844). Faut-il imaginer, comme pour la plupart des noms en -ex qu’il se trouvait un fundum en ces lieux ? La villa romaine n’a pas encore été découverte, au grand regret des étymologistes ? » (1)

Cette voie conduit presqu’en ligne droite de l’angle du chemin de Pontverre jusqu’à Bernex.
«Quatre petits groupements de maisons ponctuaient autrefois le parcours : celui du haut de la Rampe de Chavant (…), un deuxième, implanté à l’angle du second virage ; un troisième, à mi-parcours, qui donna naissance au chemin de la Charroyette, enfin le dernier, fraction de l’ancienne paroisse de Vuillonnex. » (2)

Ces différents hameaux ont parfois été désignés par le nom d’une famille ayant habité le lieu (« Chez Dupraz », par exemple), dans un temps ou la numérotation des maisons n’existait pas encore puisque celle-ci n’est apparue qu’à la fin des années 1950.

De ces anciens hameaux, on peut encore reconnaître quelques vestiges des originaux, mais de nombreuses « rénovations », démolitions et reconstructions en ont passablement bousculé l’image.
Les maisons de ce chemin étaient celles de familles paysannes et comprenaient en un seul bâtiment le logement familial et les ruraux (grange, écurie, pressoir et bûcher…).

1. Hameau « Chez Dupraz »

« Chez Dupraz », plan Grosdjean de 1732 (Archive d’État de Genève)

Chemin du Vuillonnex No. 69-65 et 40, vers 1900

Chemin de Vuillonnex – Chapelle de la persécution vers 1910

Vuillonnex 73 – ancien « Palais des Glaces »

Au No 73 du chemin de Vuillonnex, peu après le début du chemin, se trouvait le Café Fernex. « En 1900, le café s’appelait « Le Palais des Glaces » ; il était tenu par les frères Fernex, Jules et Eugène-Etienne. Ils vendaient le vin de leurs vignes.

La salle à boire était meublée de tables en bois délabrées, entourées de bancs. Comme il fallait aller chercher l’eau à la pompe dans la cour, une seille en bois était remplie d’eau et servait à laver les verres.

L’eau était changée lorsqu’elle était aussi noire que les murs de la salle ! Jules Fernex, né en 1848, décédé en 1928, était l’un des derniers représentants d’une des plus anciennes familles de notre commune ; il n’avait pour ainsi dire pas quitté le toit familial. Il fit partie du Conseil municipal pendant plusieurs années et s’y signala par son zèle et son sens averti des réalités. » (3)

2. Au centre du Vuillonnex

Chemin de Vuillonnex No 43 vers 1910

Fontaine de Vuillonnex vers 1900

Pas trace de fontaine au Vuillonnex sur les plans jusqu’en 1811, date à laquelle on trace son emplacement ; il semble que cette fontaine n’est construite qu’en 1822.

Chemin de Vuillonnex No 30 vers 1910

En face, sur le côté gauche d’une place sans nom au milieu de laquelle trône une petite maison construite en 1840, on peut encore voir les vestiges restaurés du No 30, une maison bâtie en 1811 sur laquelle était inscrit le nom de Claude Foëx. Avec le chemin de la Charroyette, la petite maison marque la séparation entre deux des quatre groupements de maisons du Vuillonnex.

Chemin de la Charroyette et ferme Girardet sur le chemin de Vuillonnex nov. 2000


Les fermes Marpaz, Turin, Compagnon, Le Royer et la maison Girardet longeaient l’actuel chemin de la Charroyette. On notera aussi que Monsieur Girardet dont la ferme faisait l’angle entre le chemin du Vuillonnex et celui de la Charroyette est l’un des deux derniers éleveurs de bovins à Confignon, l’autre étant Jean Maréchal au chemin des Marais, à Confignon-Dessous, en 1972.

Café Martin Charroyette 2


« Le café de l’Ormeau se trouvait au 2 chemin de la Charroyette, anciennement avenue de « l’Auguste Edouard ». Au café Martin c’était la grand-mère (Marie) qui servait. Sa spécialité était la « longeole » de campagne avec le vin du pays.

3. Hameau du Vuillonnex

Hameau du Vuillonnex Plan Grosjean 1732 AEG

Après la Charroyette, le territoire qui s’étend sur Confignon, mais aussi sur Bernex, de part et d’autre de la route de Chancy (aujourd’hui rue de Bernex), portait l’appellation de Vuillonnex. (Aujourd’hui, les dernières maisons à gauche du chemin de Vuillonnex sont bernésiennes, alors que celles de la droite sont confignonnaises).

Au temps des Seigneurs de Confignon, le hameau de Vuillonnex constituait, semble-t-il, l’un des huit décanats de l’évêché de Genève.

L’ancienne laiterie

Ancienne laiterie de Confignon en 1920 Chemin du Vuillonnex No11


Portant aujourd’hui le No 11 du chemin, elle appartenait au hameau de Vuillonnex.
Plusieurs laitiers se sont succédé à Confignon. Parmi les derniers, Marcel Muller en assure le service de 1956 à 1963 : réception du lait que les agriculteurs viennent « couler » dès 4h le matin, puis tournée auprès des client dès 7h30 (Confignon, le début de Bernex, Cressy, Loëx, les Champs-Blancs et les Marais), coulage du soir dès 16h.
Otto Muller reprend ensuite le flambeau jusqu’à ce que la source se tarisse (il n’y a plus de vaches à Confignon dès 1972). La laiterie ferme en 1992 après qu’elle ait été transformée en épicerie en 1957.
Actuellement, c’est une maison d’habitation.

Mas No 4-6 rue de Bernex, nov. 2000

Deux mas anciens terminent aujourd’hui de part et d’autre le chemin de Vuillonnex en allant sur Bernex, (à gauche sur Bernex, à droite sur Confignon).
Dans la prolongation du mas de droite, sur l’actuelle route de Bernex, on remarque aujourd’hui des maisons dont la construction remonte à 1809. Elles ont été bâties sur l’emplacement d’un mas de maisons médiévales cité au 16e siècle. C’était un relais « où les chevaux et les hommes pouvaient se désaltérer ».

Rue de Bernex 243 où se trouvait l’établissement du boulanger-aubergiste François Foëx


Le bâtiment qui récemment s’appelait Relais de Vuillonnex (aujourd’hui Relais Thaï) porte toujours un nom lié à sa fonction : au 16ème siècle, il semble qu’il s’agissait d’une maison de louage, c’est-à-dire un endroit où l’on pouvait louer des chevaux.
« Les deux maisons de tête contiennent sans doute les souvenirs les plus variés. Celle du haut fut animée, au milieu du XIXe siècle par le boulanger cabaretier Etienne Claret, celle du bas par le boulanger et aubergiste François Foëx. La première histoire des cafés de Confignon commence dans ce mas étroit et si les boulangers furent en même temps cabaretiers, cette tradition fut peu à peu abandonnée dans la seconde moitié du XIXe siècle. » (4)

(1) BRULHART Armand : «Confignon, Origines d’un village» ; Éditions Polytones, Genève 2000, p. 178
(2) Idem (1), p. 99
(3) BESSON Edouard : «Les cafés, restaurants, cabarets et bistrots de Confignon d’hier et d’aujourd’hui» ; Mémoire de Confignon, décembre 2018, p. 12
(4) Idem (1), p. 128

Françoise Joliat
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