Chemin des Marais

Étymologie : Marais : bas latin : marisczum ; vieux français (13e siècle) : maresche

« Si Confignon-Dessous n’existait pas, il faudrait l’inventer » (1)

Au-dessous de la route de Soral s’élève un petit quartier le long du chemin des Marais.
« Ce chemin qui porte bien son nom, descend en pente douce en direction de l’ancienne plaine marécageuse, bordé d’une rangée de chênes près de l’embranchement du chemin de la Praleta et se termine juste après le Pont des Marais, où il rejoint la route de la Galaise. », écrivait en 2010 François Compagnon, dans Les Chemins de Confignon – Notes d’histoire. Si quelques vieux chênes montent toujours la garde de part et d’autre de cette ancienne voie, si des moutons y paissent encore, suite à la construction de l’autoroute de contournement, on ne rencontre plus ni perdrix, ni faisan sur ce chemin qui reste l’un des derniers permettant de franchir l’Aire sur le Pont du même nom. La voiture y est devenue reine !

 Carte Dufour 1870

« Vers 1850, six familles étaient regroupées dans les quatre étroites maisons mitoyennes le long du chemin des Marais (…). Les rénovations qui ont progressivement métamorphosé le mas lui ont donnée une allure « pittoresque ». L’actuel chemin des Marais ne comportait aucune autre construction avant 1846. ».(2)
C’est entre cette date et 1875 que sont construites les fermes qui constituent le quartier des Marais, un ancien quartier agricole au sein duquel des familles d’agriculteurs, des Marpaz aux Maréchal, cultivent la terre et élèvent des bovins. Des vignes y figurent aussi en bonne place.
Jean Maréchal, décédé en 2012, est l’un des deux derniers exploitants agricoles de la commune qui élevait encore des vaches.

Scène de neige au chemin de Mourlaz vers 1914

« Le nom de ce chemin a beaucoup varié. Il conduisait autrefois en direction du Plan-les- Ouates et se nommait « chemin tendant à Plan-les-Ouates » (3).
Le Pont des Marais, sur la fin de son tracé, reste l’un des seuls franchissements possibles de l’Aire.

Jusqu’en 2013, le côté gauche du chemin des Marais (« tendant à Plan-les-Ouates ») est bordé d’un talus et d’un fossé. Il est planté de chênes formant une voûte au-dessus du chemin auquel il apporte ombrage et fraîcheur. A la suite de la chute d’un de ces chênes lors d’une forte bise, la commune, craignant que d’autres chênes ne tombent encore, les fait abattre. On remplace le talus par un mur, on comble le fossé et les chênes sont remplacés par des jeunes arbustes, moins importants.

Photos Mémoire de Confignon

Trois chemins bordent le quartier des Marais : Mourlaz, Murcie et Narly.

Chemin de Mourlaz :
Selon Armand Brulhart, il est tout d’abord désigné comme le chemin tendant à Perly, puis devient chemin de Mourlay, pour devenir enfin chemin de Mourlaz. « Son nom est parmi les plus cités de la commune car dans les champs de Mourlay se trouvaient les « communaux » les plus importants ». (4)
En 2019, un arrêté du Conseil d’État modifie le nom de ce chemin qui devient Promenade des Rêveries, un nom lié bien sûr au passage de Jean-Jacques Rousseau à Confignon et à ses Rêveries du promeneur solitaire.
Au Mésolithique, le lac Léman s’étendait jusque-là. « En se retirant sous l’effet du réchauffement climatique, le glacier du Rhône, après avoir raboté la molasse du coteau, a laissé la nappe d’eau s’évaporer peu à peu pour former un immense marécage. » (5)

Chemin de Murcie :
« Une carte de 1945 montre qu’une vigne s’étendait du chemin de Narly jusqu’à Mourlaz. La rumeur disait que c’était dans ce coin de la commune qu’était produit le meilleur vin. (…). Le maire, Joseph Berthet, dans sa liste des clos communaux, place en tête celui de Murcie. » (6)
On a prétendu que le goût de ce vin ressemblait à celui du Jumilla cultivé dans la province espagnole de Murcie, ce qui avait déterminé le choix du nom de ce chemin.
L’histoire est plaisante, mais la réalité est différente et complexe. « Murcie » serait lié à Narly, de manière plus lointaine Marly, nom d’un autre chemin de ce quartier. Marly est lié à Martilius, nom du propriétaire d’un domaine sur lequel on a découvert une villa romaine. On devrait donc comprendre tout d’abord Murcie comme Fundum (propriété de) Martilius, puis admettre que le M de Murcie a perdu une jambe au cours de l’histoire. Murcie n’a donc rien à voir avec la province espagnole.

Chemin de Narly :
Le tracé et le nom de cette voie ont beaucoup varié au cours de l’histoire, en lien avec les crues de l’Aire et les possibilités ou non de la traverser (présence d’un pont ou non suivant les crues). Il faut attendre 1949 pour que « … le Conseil d’État prononce enfin un arrêté sanctionnant le tracé et fixant définitivement le nom de Narly. (…) Le nom de Narly signifie « la petite noiseraie » (du latin nucariolum = petite région riche en noyers). » (7)

Du point de vue étymologique, il faut se reporter à l’explication donnée plus haut au sujet du chemin de Murcie : la « petite noiseraie » ne semble pas de mise et c’est bien plutôt à l’importance de l’occupation romaine qu’il faut faire remonter ce morceau de toponymie.

Les Romains ont créé et occupent une province dont Genève fait partie. Ils vont y rester de la fin du 2ème siècle avant Jésus-Christ, jusqu’à 443 av. J.C.

En 1938, Louis Blondel, archéologue cantonal écrit : « Exactement au point 422 (carte Siegfrid), à un peu plus de 600 mètres au N.E. du village de Confignon, à la suite du défoncement d’une vigne, j’ai retrouvé les traces d’une construction romaine. Ces restes se trouvent au nord du chemin rural qui fait un brusque coude avant de descendre au bord de l’Aire. Cet emplacement porte le nom de « En Marly » et se trouve au-dessous du lieu-dit « En Beau », déformation de « Chez les Baud ». Les quelques maisons des Baud ont succédé au village médiéval de Préculier, bien connu dans les reconnaissances féodales du XIVe siècle… » (8)

Malgré sa présumée importance historique, cette villa n’a pourtant jamais été fouillée.

En ce qui concerne le nom Confignon, en 1906, dans son Essai de Toponymie : origine des noms de lieux habités et des lieux-dits de la Suisse romande, Henri Jaccard propose l’interprétation suivante : « Confignon, Cofinacium 1153, Cuffinacium 1250, Confinium 1190, limite, territoire (Confignon aux confins d’un territoire ?) ; mais d’après les deux premières formes ci-dessus, signifie plutôt (fundum) Cofinacium, domaine d’un Cofinius, dérivé du cognomen Cofius. ». (9)

En lieu dit « En Marly », détail de l’Atlas Mayer, 1829

(1) BRULHART Armand : « Confignon : Origines d’un village » ; Éditions Polytones ; Commune de Confignon, 2001, p. 131
(2) BRULHART Armand, p. 152-153
(3) BRULHART Armand, p. 152-153
(4) BRULHART Armand, p. 174
(5) COMPAGNON François : « Les chemins de Confignon – Notes d’histoire » ; Association pour la valorisation du patrimoine ; août 2010, p. 21
(6) Idem (5), p. 22
(7) BRULHART Armand, p. 23
(8) BERTHET Joseph-C. : « Confignon 1851-1951, Histoire du village » ; publié à l’occasion du centenaire de la Commune, 1951, p.15-17
(9) BERTHET Joseph-C. : « Confignon 1851-1951, Histoire du village », p. 16

Françoise Joliat
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