Urbanisme et Population

Confignon qui comptait un peu moins de 300 habitants en 1900 s’est développé dès les années 2000 et doit encore se développer de manière très importante dans un proche avenir. Si sur la fin du 20e siècle, sa population atteignait environ 600 habitants, au début de ce 21e siècle, elle en accueille 2000 environ et, en 2023, ils sont quelques 4600.

Talonnée par la ville et sa couronne urbaine, étroitement imbriquée, dans la problématique du Grand Genève, dans le développement de ses voisines Onex et Bernex, Confignon n’est plus une commune villageoise, malgré son « village » qu’elle cultive jalousement, non plus encore qu’une cité urbaine.

C’est dans le cadre du développement de l’agglomération, celui du Grand Genève, une réflexion politique cantonale et régionale, que s’inscrit la réflexion sur son extension.

1990 Construction des immeubles au centre du village 2002 Construction du quartier de Cressy

1. Boom de la construction à Genève dans les années 1960

Au sortir de la deuxième guerre mondiale, déclin de l’industrie genevoise au profit du secteur tertiaire qui connaît une croissance impressionnante.
Plusieurs organisations internationales viennent s’installer à Genève, dont le CERN
(1955). En 1955, 3200 fonctionnaires internationaux travaillent à Genève, un nombre qui double dans les vingt ans qui suivent.
En conséquence : important accroissement démographique.

Pour répondre à la demande : agrandissement du Palais des Nations (1956), allongement de la piste de l’aéroport pour accueillir les gros porteurs, élargissement du réseau routier, construction d’hôtels, de restaurants, de commerces de luxe, de grandes surfaces commerciales. Extension du secteur bancaire : Genève devient un centre international de la gestion de patrimoine.
Démographie galopante. « Entre 1950 et 1965, ce sont 6’500 habitants de plus par année qui se trouvent sur le marché du logement » (1).

S’ensuit une crise immobilière sévère, mais aussi un manque de main-d’oeuvre pour la construction : on va chercher a l’extérieur les ouvriers qu’on ne trouve pas ici : augmentation de l’immigration, montée progressive de la xénophobie allant jusqu’à l’initiative Schwarzenbach en 1972, exigeant la limitation du nombre de travailleurs étrangers à 10% (25% pour Genève) de la population totale. Une initiative finalement rejetée par le peuple après une campagne éprouvante.

Dans ce contexte, pour tenter de faire face à la pénurie de logements, plusieurs lois nouvelles sont adoptées :

  • Loi HLM en 1957 (Émile Dupont », conseiller d’État chrétien-social en charge du Département du commerce et de l’industrie en est le « père »).
  •  Loi sur le développement de l’agglomération urbaine (LDAU) qui autorise
    l’augmentation de la surface de l’agglomération urbaine en déclassant de la zone agricole, loi assortie de conditions « drastiques » : obligation d’élaborer des plans localisés de quartier dans lesquels un certain pourcentage de logements subventionnés doit être prévu.

C’est à cette époque qu‘apparaissent les grands ensembles immobiliers genevois, les cités satellites, sur les communes de Meyrin (1960), Lancy, Vernier, Onex (1958) et Thônex.
C’est dans le même temps que l’on construit le Lignon (1963) et son immeuble d’un kilomètre de long !

2. A Confignon ?

Apparition des premières zones de construction en mars 1953 : « La région de Beauvent avait été classée en zone 5A par le Grand Conseil, sans en référer à l’Autorité communale, mise ainsi devant un fait accompli. L’extension des zones de construction fut demandée,
d’autres terrains équipés pouvant aussi bien bénéficier de ce statut.
Deux ans après, le Département des travaux publics donna son accord, non sans réserves, aux demandes de la commune. Les constructions ne seraient autorisées que si la commune s’engageait à construire une station d’épuration des eaux. (…) Le 9 mai, le Conseil examina la possibilité d’établir un plan d’aménagement du secteur Église-École, afin d’éviter des constructions disparates qui porteraient atteinte à un site exceptionnel (…) Le Service cantonal d’urbanisme confia l’étude d’un plan d’aménagement à MM. Strub et Duboule, architectes.
Ce plan, qui englobait toute la région nord du village jusqu’à Vuillonnex, fut soumis à l’appréciation de communiers. Après quelques remous, sa pertinence fut admise. (…) Le plan d’aménagement approuvé par le Conseil d’État, il fut possible d’entrer dans la phase de réalisations. » (2)

3. Le quartier de Cressy

A cette e poque, le territoire de Cressy, majoritairement sur Confignon, n’est construit que de quelques villas.

Dès 1901, Henri Hertzschuch, pépiniériste, et Victor Grandjean, directeur du Jardin botanique, créent une pépinière. Celle-ci est ensuite vendue à MM. Dumarest et Eckert, entrepreneurs de parcs et jardins.

« Louis Eckert, mort sans descendant direct, laissa sa fortune à l’État de Genève. La pépinière fut un temps louée, pendant que mûrissaient, lentement, des plans de construction… » (3)

Suite au legs Eckert, sur les seize hectares que comporte le territoire de Cressy, neuf sont propriété de l’État.

En 1985 Genève vit encore une euphorie immobilière.

Confignon élabore un nouveau Plan directeur communal qui prévoit, conjointement avec Bernex, un projet d’aménagement de petites constructions en ordre contigu dans le quartier de Cressy (terrains en zone villa).

Pour le Département des travaux publics, dirigé par Christian Grobet, ce quartier est une opportunité de juguler la crise du logement qui sévit toujours.

En 1986, le Département fait établir un plan directeur prévoyant le déclassement des surfaces nécessaires pour construire des immeubles locatifs de quatre étages (750 logements) et 75 logements individuels en ordre contigu, le tout assorti d’une école et d’un centre commercial. Des logements majoritairement construit par l’État.

Vive réaction des communes concernées : peur d’une cité dortoir, inquiétude quant à l’influence de la coupure de la route de Chancy pour l’intégration des quelques 1000 nouveaux habitants prévus…

Au cours de sa séance du 18 février 1992, le Conseil municipal envisage une cession des terrains impactés à Onex : «Le Conseil municipal à l’unanimité décide d’entrer en matière avec la commune d’Onex au sujet de la modification éventuelle des limites communales en vue du futur développement de Cressy». (4)

Finalement, il n’y aura ni modification de limite communale, ni échange, ni vente de parcelles et la zone à densifier reste sur le territoire de Confignon.
Les négociations, la gestion des différentes variantes proposées, la recherche du bon compromis durent plus de quinze ans.

1995 : accord sur un plan localisé de quartier impliquant une « densification modérée », offrant quelques 600 logements. En 1987, le périmètre initialement en zone villas a été déclassé en zone 4B de développement (périmètre dans lequel l’État exerce un contrôle strict notamment sur le prix des terrains, le gabarit des immeubles et la densité de population).
Projet : petits immeubles de 2 à 3 étages sur rez qui se répartissent entre PPE, locations libres, coopératives et logements subventionnés + une école et quelques équipements commerciaux.
Des constructions pilotées par l’État, réalisées en étapes successives à l’aube des années 2000.

Le triangle de Cressy qui touche trois communes, Confignon, Bernex et Onex, prend forme

En 2002 : Organisation d’un concours d’idées et de projets d’architecture pour l’école nécessaire au nouveau quartier. Le projet «Luciole» d’Inès Lamunière (bureau d’architectes Devanthéry-Lamunière) est lauréat. L’école est inaugurée en septembre 2006.

4. Quartier des Cherpines

Un territoire déjà identifié comme « réserve d’urbanisation à long terme aux Cherpines/Plaine de l’Aire » dans le Plan Directeur communal de 2006 qui devient rapidement l’objet d’une importante réflexion au niveau du canton en tant que périmètre stratégique de développement mixte devant inclure des logements, des activités et des services. Une réflexion liée au prolongement de la ligne de tram 15.

Le Conseil d’État propose une modification de limites de zones de 58 hectares sur le périmètre des Cherpines, situé a la fois sur Confignon et Plan-les-Ouates, pour y construire 3000 logements et y installer 2500 emplois, ainsi qu’une zone industrielle et artisanale sur le territoire de Confignon ; cette modification de zone est votée en 2010 par le Grand Conseil. Elle est contestée par un référendum en 2011 qui n’aboutit pas : le peuple accepte le déclassement (mais pas les habitants de Confignon et Plan-les-Ouates).

L’État et les communes doivent donc se mettre conjointement à la tâche pour imaginer le futur quartier des Cherpines voulu comme un éco-quartier, ambition nécessitant une réflexion urbanistique approfondie, impliquant tous les acteurs du projet (urbanistes, professionnels de l’immobilier, propriétaires, communes et canton).
Un premier Plan Localisé de Quartier (PLQ) est adopté en 2013. Il est remis en question par une instance de l’État en 2017 qui conteste sa densité et exige une augmentation de 900 logements : le nombre total grimpe à environ 4000 et un nouveau PLQ doit être élaboré . En 2023, il n’est toujours pas terminé.

Le Plan directeur de la zone industrielle de Confignon est adopté par le Conseil d’État le 9 mai 2018.
De plus, les terrains du Rolliet, situe s sur la commune de Plan-les-Ouates, font l’objet d’un PLQ distinct adopte par le Conseil d’E tat le 18 avril 2018. Les premiers travaux sont lance s en 2022.
Dans le me me temps (2021) les travaux de prolongation de la ligne de tram 15 sont lance s : 2,7 km de trace en site propre entre les Palettes et le futur quartier des Cherpines.

Le futur quartier des Cherpines

5. Quartier du Vuillonnex

Un nouveau quartier à Vuillonnex fait partie intégrante du Grand projet cantonal de Bernex, le long de l’axe du prolongement du tram 14 mis en service en 2021.
Il est déjà cité dans le Plan directeur communal de Confignon de 2006 en tant que Périmètre d’aménagement coordonné (PAC) Bernex-Est.

Avec la réalisation de ce quartier qui s’étend sur 120 hectares, pour lequel une importante surface de terrains agricoles a été déclassée en 2017, Bernex doit devenir un pôle d’intérêt régional dans les années 2030.
Sur Confignon, l’État et la commune prévoient la construction d’un éco-quartier d’environ 200 logements, incluant un équipement public communal intergénérationnel, un établissement médico-social (EMS), un immeuble avec encadrement pour personnes âgées (IEPA), une crèche et des locaux communaux de type associatifs et culturels, encore complétés par des commerces de proximité et des activités de service liées au domaine médical.
Un nouveau PLQ spécifique à ce quartier doit être élaboré. Sa conception a déjà fait l’objet d’ateliers de concertations avec certains citoyens représentants de la commune.
Pour l’heure, ce PLQ est toujours en travail, de nouvelles orientations ayant été demandées.
Un parc agro-urbain, le parc des Molliers, fait partie de ce projet et vient d’être inauguré (mars 2023).

Image directrice du quartier de Vuillonnex

6. Aménager le territoire

C’est prévoir dans l’espace et dans le temps. Des démarches difficiles qui demandent de se projeter dans une société future, d’imaginer ses équipements, son environnement, sa biodiversité, son organisation et ses équipements urbains… avec pour seuls outils les connaissances et concept actuels !

L’aménagement du territoire est subordonné à la loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT) qui prône un développement de l’urbanisation vers l’intérieur : bâtir la ville dans la ville, densifier les constructions dans des périmètres déjà équipés (routes, canalisations…) et, pour préserver les ressources agricoles, un quota de surfaces d’assolement (SDA, terres cultivables) pour chaque canton.
Dans la foulée de la LAT, le concept d’aménagement du territoire genevois (Plan directeur cantonal 2030) affirme un ″territoire multipolaire″ (Bernex-Confignon constitue l’un de ces pôles), mixtes (logements, équipements et activités économiques) et ″interconnectés″. Une ″agglomération verte″, (nature, paysages, agriculture) envisagée dans un cadre transfrontalier (le Grand Genève). « Les extensions sur la zone agricole sont limitées et, en compensation, une meilleure utilisation de la zone à bâtir actuelle est recherchée. » (5)

Un cadre posé pour de possibles constructions futures.

(1) PERROUX Olivier : Histoire de Genève, Tome 3 ; « De la création du canton en 1814 à nos jours » ; Éditions Alphil – Presses universitaires suisses, 2014, p.126
(2) GANTER Edmond : « Confignon : Notes d’histoire » ; publié par la commune de Confignon à l’occasion du 125e anniversaire de son autonomie, 1811-1976 ; Genève, 1976, p. 129-130
(3) Idem (2), p. 164
(4) Confignon : ECHO COMMUNAL No. 25, juin 1992
(5) Concept de l’aménagement cantonal : https://ge.ch/geodata/SIAMEN/PDCn_maj1/PDCn_01_Concept_CH.pdf

Françoise Joliat
@ copyright Mémoire de Confignon 2023