Architecture – Chemin du Vuillonnex
La conception de la vie et des rapports entre humains, la manière de concevoir le commerce et les rapports à l’argent impriment à chaque époque une image, un mode d’organisation particuliers de la ville et de la forme de ses maisons. Tout changement économique ou social implique a fortiori des modifications de ces formes architecturales et urbanistiques, modifications qui elles-mêmes suscitent généralement des mouvements de résistance au changement.
« La révolution radicale de 1846 reposait sur l’idéologie du progrès et les questions esthétiques furent entièrement soumises à cette perspective. » (1)
A cette époque, l’habitation rurale devient un véritable sujet de découverte et d’étude. On s’intéresse notamment aux matériaux utilisés pour sa construction.
En ce qui concerne Confignon, « La plupart des murs de ferme étaient construits en pierre roulées provenant des bords de l’Aire, mais aussi des champs des alentours. Il faut se souvenir, en effet, que la terre genevoise est encore fortement empierrée, comme le rapporte Voltaire, et que çà et là se trouvaient quelques gros blocs qui pouvaient disparaître la nuit, volés par quelque paysan « constructeur ». Ces pierres remontant au déluge, selon la croyance, ont donc servi à la construction, mêlées au sable et au gravier, toujours tirés des rives de l’Aire. » (2)
La molasse utilisée pour les encadrements des portes et fenêtres était extraite d’une carrière de Bernex, un matériau « de proximité », moins coûteux en transport que d’autres sortes de pierres venant de plus loin : pas de pierre de Meillerie, de roche blanche du Jura, non plus que de pierre jaune de Veyrier.
Et encore : « Il est possible que, dès la fin du moyen âge et pour mieux lutter contre les incendies, les tuilières, situées au nord de Vuillonnex et mentionnées par Micheli Du Crest comme des « briqueteries », aient permis de recouvrir les toits de ces tuiles rondes, caractéristiques désignées sous le nom de tuiles romaines. L’une de ces tuilières a appartenu aux seigneurs de Confignon, puis à la famille de Tournon. (…)
« Depuis le moyen-âge, Vuillonnex a été l’artère principale, le long de laquelle s’est construit un groupe de quelques maisons rurales, c’est-à-dire un hameau. On peut s’étonner de la distance considérable qui sépare l’église de cet ensemble d’habitations. En effet, à Confignon, l’église n’est pas au milieu du (vieux) village !
Il faut savoir que les sources et le ruissellement de l’eau du coteau ont assuré jusqu’au début du 20ème siècle l’alimentation pour habitants, bétail et cultures, le secteur en contrebas vers la Croisée dépendant de la nappe phréatique (lieux-dits Sous-le-Clos – Tréchaumont – Sur le Puy). Quant à l’église, son implantation sur un replat au-dessus de la route de Soral, correspond à une nécropole du début du christianisme (5ème-6ème siècle), elle-même établie sur un site antique. C’est ainsi que s’explique cette exceptionnelle distance entre l’ancien village et son église. » (3)
(1) BRULHART Armand : « Confignon, Origines d’un village » ; Editions Polytones, Genève 200, p.34
(2) BRULHART Armand, p. 39
(3) COMPAGNON François : « Les chemins de Confignon-Notes d’histoire » ; Association pour la valorisation du patrimoine ; Confignon Août 2010, p. 37
Françoise Joliat
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